Turquie : une expo et une interview

L'exposition collective “ArtQuake” qui s'est tenue en Cappadoce (Turquie) a été un succès. J'ai eu le plaisir de modestement y participer.

Suite à cette exposition, j'ai été interviewé par Dahi Gedik, journaliste turc du journal “Niğde News Newspaper”.

Voici la transcription (en français) de cette interview :

Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?

Bien sûr ! Je m’appelle Michel, j’ai 63 ans, je suis né à Marseille (France) et j’habite depuis 38 ans dans la magnifique île de la Réunion, dans l’océan Indien, près de l’île Maurice. J’ai eu de multiples activités professionnelles dans ma vie : enseignant, photographe, sérigraphe textile, blogueur, et depuis quelques années je suis artiste peintre.

-Quel type d’art pratiquez-vous ?

Avant tout, je dois dire que j’aime l’art sous toutes ses formes et que ce soit en musique ou en peinture mes goûts sont vraiment très étendus. Cependant, les peintres qui m’ont donné envie de prendre un pinceau sont ceux qui selon moi déposaient de l’énergie brute sur le toile, que ce soit Van Gogh, Picasso, Basquiat par exemple, sans oublier les artistes dont tout le monde a oublié les noms et qui faisaient des œuvres fantastiques sur les parois des grottes préhistoriques ! L’île de la Réunion est une île tropicale, volcanique, qui dégage une énergie incroyable. C’est cette énergie que je reçois et que je dépose sur la toile, sur des thèmes variés et qui ne sont pas forcément en rapport direct avec mon île. Globalement, je suis un peintre joyeux, pas du tout un artiste maudit et dépressif !

-D’après vous, qu’est-ce qu’un artiste ?

Pour moi, un artiste est en quelque sorte un générateur électrique. Il emmagasine sa propre énergie dans ses œuvres, qui se retrouvent en quelque sorte chargées comme des condensateurs. Puis il montre ses œuvres au public. Certaines personnes ne fonctionnent pas sur la même fréquence que l’artiste et donc ne perçoivent pas cette énergie. Mais ceux qui vibrent sur une fréquence identique à celle de l’artiste se retrouvent énergisés, rechargés, heureux lorsqu’ils sont en contact avec ses œuvres. C’est une énergie gratuite, illimitée, et non polluante !

-Pourquoi pensez-vous qu’il est important de créer des œuvres originales ?

L’art est un cri qui vient de l’intérieur. Ceux qui ressentent cette urgence ne se posent pas la question, ils s’expriment de manière personnelle et donc leurs œuvres sont originales.

-Que pensez-vous de ceux qui copient les travaux des autres ?

Toute copie est un hommage qui s’ignore !
Nous nous nourrissons de multiples influences. Il y a ceux qui arrivent à se servir de ces influences pour se forger une personnalité artistique propre. Et il y a ceux qui n’en sont pas capables, et se contentent de copier les autres, parce qu’ils n’ont pas réussi à libérer les chaînes qui retiennent leur esprit et l’empêchent de prendre son envol. C’est dommage pour eux…

-La vision du monde d'un artiste se reflète-t-elle dans ses œuvres ?

De nombreux artistes se servent de leur art pour exprimer des idées politiques, intellectuelles, revendicatives. L’art n’est alors qu’un véhicule pour mettre en avant ses idées. Ce n’est pas toujours le cas : d’autres artistes ont un objectif purement esthétique. Mais la création artistique fait souvent appel à des ressources tirées de l’inconscient, et dans ce cas, il n’y a pas de message ni d’objectif esthétique, il s’agit juste d’exprimer ce qui vit au-dedans de nous et que nous ne percevons pas forcément. C’est le cas de l’Art Brut, qui a souvent une puissance phénoménale.
En ce qui me concerne, je suis heureux quand je peins et c’est ce qui compte le plus…

-L'artiste doit-il être à l'intérieur ou à l'extérieur du public ?

Je pense que les « vrais » artistes créent avant tout pour eux-mêmes. S’ils essaient de se conformer aux goûts du public, leur art est souvent fade et sans saveur.
Mais la vocation finale d’une œuvre d’art est d’être montrée, donc l’artiste est à la fois à l’extérieur et à l’intérieur du public !

-L'éducation artistique doit-elle être obligatoire ?

Je pense que la sensibilisation à l’art pour les jeunes enfants est fondamental, parce qu’elle leur apporte une dimension spirituelle indispensable. Il est dommage que cette sensibilisation s’arrête souvent dans les écoles lorsque les enfants grandissent…

-Que pensez-vous des artistes et de leurs œuvres qui n'ont jamais reçu d'éducation académique ?

L’Art est infini.

Pour prendre une image concernant la peinture, c’est comme une planète composée de multiples continents, pays, villes, villages.

Certains continents sont le royaume des artistes académiques, de la forme classique, des règles, des obligation, des goûts en quelque sorte préfabriqués. A l’intérieur de ces continents, il y a le pays des paysages, le pays des portraits, le pays des scènes d’intérieur, le pays des natures mortes etc… A l’intérieur de chaque pays, il y a de multiples villes et villages qui correspondent aux multiples manières de traiter ces thèmes bien définis.

D’autres continents sont ceux de la liberté créative, de l’art comme moyen d’expression personnelle.
Il y a le pays de l’art naïf, qui se moque des règles de la perspective…
Il y a le pays de l’art abstrait, qui n’est pas concerné par la figuration…
Il y a le pays des impressionnistes, qui ont été moqués par les artistes académiques en leur temps, il y a le pays des expressionnistes, des abstraits etc…

Un artiste est un artiste, qu’il ait ou non reçu une éducation artistique traditionnelle. Mais il ne faut pas oublier que souvent, les artistes sont autodidactes, effectuent leurs propres recherches de leur côté (comme comprendre l’harmonie des couleurs)… Ils se font leur propre éducation.

-Quand un artiste devient-il célèbre ?

Quand il a du talent, un réseau et de la chance !

-Que pensez-vous des premières œuvres d'un artiste ?

C’est la phase de la chrysalide, pendant laquelle la chenille est en train de se transformer en papillon…

-La ville de Niğde est un petit village situé dans la région de la Cappadoce, en Turquie. Quel est le premier mot ou la première pensée qui vous vient à l'esprit lorsque vous pensez à Niğde ?

“ArtQuake” by Safa Büte !
[ArtQuake est l’exposition organisée par Safa Büte]

-Que pensez-vous de la série d'expositions internationales “ArtQuake” ?

C’est une excellente idée, qui permet à Niğde de s’ouvrir sur le monde et de se faire connaître (ainsi que Safa), et qui permet à des artistes du monde entier de montrer leurs œuvres grâce à un système mêlant monde virtuel et œuvres physiques. Brillant !

-Quelle est la place et l'importance du Niğde dans les études artistiques internationales ?

Niğde City sera peut-être un jour pour la peinture l’équivalent de Cannes pour le cinéma : un lieu qui abrite un festival unique, original, attirant, dans une région magnifique !

-Que voulez-vous dire sur l'art, l'artiste, l'endroit où vous vivez et votre vision du monde ?

Je vis à l’île de la Réunion, qui est un petit territoire français, isolé au milieu de l’Océan Indien. Cette île tropicale possède également un volcan actif.
Sa population est peut-être unique au monde, avec des gens venus de partout (Europe, Afrique, Asie) au fil des siècles, avec des cultures et des religions très variées, et qui s’aiment et se métissent depuis les tout débuts du peuplement de l’île (dans les années 1600).
Auparavant, l’île était déserte.
Les cultures et religions sont complémentaires, et une très forte culture commune réunionnaise vient relier le tout.
Ceci donne un endroit extraordinaire, débordant d’énergie, de soleil, de végétation luxuriante, de parfums de fruits, de gens de toutes les couleurs, de sourires et de paix.
Comment un artiste pourrait-il rester insensible à cette magie ?

Si le Monde prenait exemple sur l’île de la Réunion, ce serait extraordinaire.

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